« Nous ne pouvons ni tolérer, ni fermer les yeux sur aucune forme de racisme ou d’exclusion et prétendre défendre le caractère sacré de toute vie humaine » a déclaré le Pape François en janvier 2022.

Le monastère œcuménique et laïc du Gai-rire est l’un des bastions fragiles de la tradition apophatique (du grec apophasis : loin de l’apparence).

Cette très ancienne tradition n’appartient en propre à aucune religion ni à aucune Église. Bien qu’elle date d’avant Jésus-Christ, elle demeure très « moderne » : elle permet d’éviter les querelles entre chapelles et religions et poursuit ainsi les mêmes buts que la « laïcité » en proclamant qu’aucune religion ne possède le monopole de la foi juste et souhaitable.

La tradition apophatique précise que « Dieu » n’est pas connaissable par l’intelligence, ni saisissable par la sensibilité. « L’Un » (erhad) reste à jamais indicible et incompréhensible. Selon elle, toute « théologie » qui affirme ce qu’est le Seigneur et comment il fonctionne, n’a aucun fondement et nous entraîne à la superstition et à l’idolâtrie. Il n’est pas interdit de donner un Nom à l’Indicible, mais ce peut être très dangereux, nous dit la 3ème Parole des Tables de la Loi. Prononcer, à la légère, le mot « Dieu », « Allah », ou tout autre Nom qui qualifie l’essence divine, et s’accrocher alors à ce Nom, a toujours provoqué la guerre.

Nous sommes bien conscients que faire naître un « monastère laïc » peut ébranler certains croyants, ainsi que quelques athées purs et durs. Nous espérons seulement qu’aucun ne nous tiendra rigueur de déranger quelque peu ce qui, selon nous, doit l’être !

« Nous sommes, ensemble, comme les blés du champ, non pour la foule des tiges, mais pour l’union des épis, à la moisson des certitudes.
A la fois, nous sommes le champ, le semeur, la graine, l’herbe du blé, le souffle du soleil, sa gloire et sa moisson. Nous mûrissons à la clarté des cœurs.
Autant d’épis qu’il y a de jours, autant de grains, qu’en nous de confiance, et d’ivraie que de doute à porter le temps. Mais l’ivraie parle encore du sol fertile, comme le doute, de la profondeur, où va la foi profonde…
Et nous sommes le pain, chacun à rompre, et nous sommes, aussi, la faim, affamés d’unanime, insatiable de lumière, lorsque, dans le vent des jours, nous ployons, sans cependant cesser de redresser le cœur vers le futur, et vers sa transparence…
Blé fragile, herbe d’homme, portant le don de durer, dans l’écho de nos innombrables ruptures.
Notre travail, c’est de vérifier notre être, c’est-à-dire intérioriser la vérité de la Vie et cesser, sous la forme de projections émissaires, de rendre le dehors, êtres, choses, temps ou lieux, responsables de notre mal. »

extrait de Terre promise, Terre offerte ou l’espace de la santé.